Un peu de systématique :
Cormoran de Desmarest = Cormoran huppé de Méditerranée (Français)
Phalacrocorax aristotelis desmarestii (Payraudeau, 1826)

Statuts :
Espèce protégée.

VU : Vulnérable
Liste rouge régionale des oiseaux nicheurs, des reptiles et des amphibiens de Corse (listé Phalacrocorax aristotelis desmarestii)
EN : En danger
Liste rouge régionale des oiseaux nicheurs, de passage et hivernants de Provence‐Alpes‐Côte d’Azur (listé Phalacrocorax aristotelis desmarestii)

Aides à d’identification :

Envol de Cormoran huppé

Plus petit que le Grand Cormoran, le Cormoran huppé possède une silhouette analogue. Les sujets adultes ont un plumage noir vif avec, sous une forte luminosité, des reflets vert bouteille.

Le bec est jaunâtre sur le dessous et noirâtre sur le dessus de la mandibule supérieure, assez crochu à son extrémité. Il est plus fin que celui de son proche parent.

A force de les observer vous constaterez que le Grand cormoran est ici un peu plus massif, que la coloration de ses mandibules est bien plus claire, que la peau à la commissure du bec est plus largement répartie sur les joues ce qui lui donne un effet de maquillage jaune.

Son bec est moins effilé, ce qui n’est pas vrai sous tous les angles; parfois ceci donne l’effet qu’il puisse être plus court.

Vous remarquerez aussi sur cette image que la joue peut aussi, selon les stades évolutifs, sembler dégarnie. Seul le petit duvet laisse apparaître des joues larges et claires. ce caractère est absent chez le Cormoran huppé.

Envol de Grand cormoran

Vous constaterez avec les trois images ci-dessus que seul chez le Cormoran huppé le bec est très jaune et noir, effilé et joues absentes.
Les deux images de Grand cormoran mettent en évidence une différence majeure : l’œil est cerclé de peau jaunâtre alors que chez le C. huppé l’œil est cerclé de noir et entouré d’un fin duvet.

Sur le front, le C. huppé porte en période nuptiale une petite huppe érectile. Ce caractère est temporaire, lié à l’état de reproduction.

Les pattes sont jaunes très clair chez les jeunes et presque totalement noires chez les adultes mâtures.

De manière plus générale chez les deux espèces les juvéniles sont gris/brun sur le dos et possèdent un premier habit de plumes très claires sur le ventre. Ce caractère évolue pour finir en livrée noire pour les futurs adultes. Détail de certaines variations ci-dessous.

Habitats, biotopes :

Le Grand cormoran.

Il existe deux populations de Grand cormoran :
– une littorale (Phalacrocorax carbo carbo) qui niche en colonie sur les falaises maritimes de la côte atlantique.
– une seconde continentale (Phalacrocorax carbo sinensis) qui niche en colonie arboricole le long des eaux douces. Cette population qui avait disparu du territoire français est réapparue en 1981 depuis la Hollande, conséquence des mesures de protection de l’espèce prises dans différents pays européens depuis les années 70.

Seule la sous-espèce continentale est présente sur le littoral méditerranéen français, en mode hivernage. Elle est présente sur la totalité du trait de côte mais repart se reproduire en eaux douces au printemps, sur les plans d’eau et les rivières de l’intérieur.
Seule la Camargue héberge depuis 1998 quelques couples qui se sont d’abord installés sur de petits îlots, puis dans les héronnières arboricoles en 2007. Depuis la population et le nombre de colonies est en hausse constante.

Regroupement sur dortoirs diurnes, Camargue.
Grégaires, les Cormorans des deux espèces vivent en colonies.
Colonie Irlandaise de Grands cormorans.
G. cormorans en plumage nuptial. Vous remarquerez les plumes alaires très marquées en “écailles de tortue”, et au second plan non pas une huppe mais des plumes de la nuque qui peuvent être hérissées.

Le Cormoran huppé.

Il est lui visible uniquement sur les côtes rocheuses, les îles ou les îlots du bord de mer. Il est sédentaire et occupe des falaises escarpées dominant le littoral.

Pour les localiser je vous conseille de les chercher au petit matin ou en toute fin d’après-midi. Ces oiseaux possèdent des habitudes assez strictes de regroupement en fin de journée de pêche sur des sites dortoirs. Ils y passent leurs nuits bien abrités.

Regroupement de Cormorans huppés de Méditerranée.
Escarpement de bord de mer type. Exemple même de zone à rechercher pour espérer les observer (de loin bien évidemment pour ne pas les faire fuir).


Chaque petit matin, ils entament leur journée avec une séance toilette coordonnée et collective puis, par petits groupes, ils partent sur leurs sites de pêche respectifs.
Ils ont tendance à longer le littoral au cours de leurs vols, très près de la surface, avec des battements d’ailes rapides, le cou totalement allongé.

Comparativement les grands cormorans adoptent souvent un vol beaucoup plus aérien, plus direct, avec une allure plus massive.

Fortement sédentaire, le cormoran huppé se déplace peu pour s’alimenter. D’une manière générale, ses zones de pêche sont situées dans un rayon de moins de 10 km autour de son site de reproduction.

J’espère qu’avec ces diverses aides vous serez à même de mieux différencier ces deux espèces qui vivent en communautés et se retrouvent chez nous mêlées en hiver.

Christophe Blanchy

Textes et Photographies © Christophe Blanchy, Michel Monnier

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